Le choix de Dieu et le principe du meilleur
Lorenzo Peña
Résumé
L'article examine critiquement la thèse leibnizienne de la tendance à l'existence de toutes les essences et de la réalisation de la série des êtres possibles qui, ensemble, ont le plus d'entité. Bien qu'elle offre une réponse à la question de savoir pourquoi il y a un monde -- et pourquoi il s'agit du monde réel, au lieu d'un autre --, la thèse se heurte à de nombreux obstacles. On tend actuellement à écarter les lectures nécessitaristes. L'article s'inscrit en faux; il vise à montrer les difficultés qui entourent l'interprétation preuve-théorétique de la nécessité, non seulement en général mais aussi, particulièrement, par rapport à Leibniz. Une issue aux difficultés pourrait consister à développer la notion leibnizienne des degrés de réalité, en concevant des degrés d'existence. Cela permettrait d'éviter la rupture entre l'ordre des possibles et celui des existants. Alors que Leibniz reconnaît des variations dans le degré d'entité des possibles, il est mené par son attachement à la logique aristotélicienne à faire du passage de la possibilité à l'existence un bond métaphysique, l'actualité ainsi reçue étant une question de tout ou rien. Une approche gradualiste permettrait de concilier une partie des motivations métaphysiques de Leibniz avec un réalisme modal apparenté à celui de David Lewis, mais dûment nuancé.

Le choix de Dieu et le principe du meilleur
[God's Choice and the Principle of the Best]

Summary

The paper examines Leibniz's view of the tendency of all essences to exist and the ensuing realisation of that series of possible beings which possess together the most entity. Although it offers an answer to the question of why there is a world at all, and why that world is the real one rather than any other, the thesis faces a great many difficulties. Nowadays preferred construals are bent on avoiding necessitarianism. The paper takes the opposite direction. It tries to show how troublesome are several consequences of the proof-theoretical view of modality, not just in general but especially as regards Leibniz's own system. A way out could be found by developing Leibniz's idea of degrees of reality. Out of his allegiance to Aristotelian logic, Leibniz himself falls short of accepting degrees of existence, thus being bound to endorse a metaphysical leap from the state of possibility to that of existence or actuality, the latter, unlike the former, being an all-or-nothing issue. By adopting a gradualistic approach, deep metaphysical motivations underlying Leibniz's philosophical enterprise could be reconciled with some sort of duly qualified modal realism.
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